L'EMPREINTE DE DRACULA
de Carlos Aured
Il y a, parfois, des coups de génie. Des audaces insensées. Des gestes de rébellion salvateurs. Il existe sur cette Terre des hommes ne reculant devant rien dans le seul but de fronder l'ordre établi, prêts à tout pour défier la bien-pensance pseudo-cartésienne. Manifestement, le distributeur français de L'empreinte de Dracula était un homme de cette trempe.
Élan laudatif exagéré ? Jugez-en par vous-même : comment un homme équilibré et soumis aux normes imposées aurait-il pu traduire le titre anglais Curse Of The Devil (littéralement "La malédiction du diable") par L'empreinte de Dracula, sachant qu'il n'y a dans ce film ni Dracula, ni vampire, ni même chasseur de vampires ou apprentis vampires ? Par quel étrange raisonnement tentaculaire le distributeur est-il passé pour sortir le film sous ce titre abscons ? Avait-il confondu le loup-garou avec un vampire mal rasé ou anormalement poilu ? Hypothèse dure à croire, L'empreinte de Dracula étant le quatrième volet d'une saga consacrée au Comte Waldemar Daninsky, loup-garou malgré lui. Le distributeur français n'avait-il tout simplement pas eu le courage de regarder le film ? Peu probable.
Bien-sûr c'est l'argument financier qui prévaut : à la même époque, la Hammer produisait non sans succès du Dracula sur Dracula avec l'inépuisable Christopher Lee, alors que les films sur les loups-garous étaient réputés moins vendeurs. Mais ce ne peut être la seule explication. Il y a derrière cet acte bassement commercial et dépassant tout entendement une audace rare, peut-être unique dans l'histoire du cinéma. Un geste libre dénué de raison, du pur dadaïsme au pays des loups-garous. Franchement, wahoooou.
L'empreinte de Dracula
de Carlos Aured
Espagne / 1973 / 1h13
avec Paul Naschy, Fabiola Falcon, Mariano Vidal Molina
* merci à Patrice pour l'inestimable découverte